Le refus du nucléaire militaire

Un des premiers axes de lutte du « Groupe lyonnais de soutien aux « renvoyeurs » du livret militaire » a été le refus de la bombe atomique en France. Pendant l’été 1970, de nombreuses actions ont eu lieu pour tenter de mettre fin aux essais nucléaires en Polynésie française. Le Garm a été partie prenante de ces actions, qui se sont prolongées régulièrement à chaque campagne d’essais nucléaires.

L’ascension du mont verdun

Le Garm souhaitait aussi affirmer son ancrage lyonnais. Les RG (Renseignements Généraux, service de renseignement de la police), dans une note du 19 janvier 1971, avertissaient que le Garm devait réaliser une « expédition le 24 ou le 31 janvier, avec l’intention d’informer la population des dangers que comporte la présence à quelques 15 kilomètres de Lyon d’un centre de recherche nucléaire ». De fait, 7 membres du Garm ont bel et bien investi le nouveau poste de commandement nucléaire du Mont Verdun dans la nuit du  30 au 31 janvier. Cette action a été bien relayée dans les medias, y compris au plan national. Elle a permis d’alerter sur le fait que ce nouveau poste de commandement de la force de frappe était installé à côté d’une agglomération très peuplée. C’est aussi l’occasion de dénoncer la « force de frappe française », et de rappeler que « bombe atomique = suicide universel ».

Ce site militaire du Mont Verdun a ensuite été l’objet de nombreuses actions, manifestations, qui avaient à chaque fois un écho important dans la région et au-delà. Le 25 mars 1971, à Limonest (au pied du Mont Verdun), au cours d’une cérémonie militaire, des militants du Garm se sont infiltrés au milieu des troupes pour dénoncer le poste de commandement.

Le 19 juin 1971, une marche est organisée, qui se prolonge par une fête de la Paix à proximité du col du Mont Verdun. En juillet, le tribunal de Lyon n’a pas retenu le délit de déprédation de monument public contre les dix militants inculpés pour cette action. Ils ont été condamnés à des peines minimes, mais les conséquences financières ont été  lourdes pour le Garm.

Le 31 janvier 1972, à nouveau, 10 militants du Garm ont pénétré dans le PC atomique, en guise d’anniversaire ! Tout au long des actions du Garm à cette époque, le Mont-Verdun a été l’objet de rappels réguliers quant à la nocivité de cette implantation trop proche de Lyon. Par exemple, un rassemblement antimilitariste a eu lieu le samedi 23 juin 1973 au Mont Verdun, suivi d’une fête sur le site.

Atoll Mururoa

Les militants du Garm n’ont pas oublié les lointaines contrées polynésiennes. Le 8 juin 1974, à l’île des Cygnes, au parc de la Tête d’Or (monument aux morts de Lyon), des militants de L’Action non-violente et du Garm ont manifesté avec une banderole « Non à la bombe », contre les essais nucléaires dans le pacifique. L’île des Cygnes est alors rebaptisée « Atoll Mururoa ». Il s’en est suivi une intervention des forces de police.

Superphénix

Les militants antimilitaristes du Garm se sont investis par la suite dans les luttes antinucléaires. Ils ont toujours eu la préoccupation de relier l’opposition au nucléaire civil, à la lutte contre le nucléaire militaire. En octobre 1983, des marches coordonnées ont lieu au Mont Verdun, à Malville, à Bourg-en-Bresse (où se déroulait du 28 au 30 octobre 1983 le congrès du PS), contre la force de frappe française et contre les missiles. Le surgénérateur Superphénix à Creys-Malville cristallise l’opposition au nucléaire civil et militaire, puisque Superphénix produira du plutonium facilement récupérable par l’armée. Le slogan « Derrière Malville, nos euromissiles », largement repris à cette époque, résume bien la pensée des militantes et des militants. En 1984, le Garm participe aux assises européennes contre la surgénération, ainsi qu’au  rassemblement organisé début août à Malville.